mercredi 6 juin 2012

(III) Semaine - ou presque - "Carlo Maria Giulini" (discographie)

Avec énormément de retard, encore une fois, voici la suite d'une sélection discographique inhabituelle. Néanmoins, aujourd'hui, je vous propose de redécouvrir un enregistrement beaucoup plus connu, très écouté, et presque légendaire:





Beethoven, Concerto pour piano n°5, Arturo Benedetti Michelangeli, Carlo Maria Giulini, Philarmonique de Vienne, 1987 (réédition de l'enregistrement de 1979), DG



Les deux incursions précédentes que je vous proposais dans l'oeuvre discographique du chef italien étaient dispensables, bien que passionnantes. Autant préciser d'emblée que cet enregistrement là est un chef d'oeuvre, un sommet discographique rarement égalé. 
A noter que Giulini s'était déjà exercé trois ans avant sur ce concerto avec le pianiste bulgare A. Weissenberg. Trois ans plus tard, remettant le couvert, Giulini s'essaye avec son compatriote à une semi-intégrale des concertos du maître allemand, filmée et télévisée: le premier, le troisième, et le dernier, donc, cet Empereur si réussi. 

Petits repères:
1. Allegro, 21:01
2. Adagio un poco mosso, 8:36
3. Rondo (Allegro), 12:12

Je vais vite passer sur la prestation de Michelangeli, fidèle à lui même: l'interprétation est noble, étourdissante de virtuosité, pénétrée d'une évidence et d'une simplicité d'exécution qui confond au génie pianistique. Ca n'est guère flamboyant: c'est impérial. 
L'agogique du second mouvement est peut-être la plus troublante: pertinente, évidente. L'ensemble s'avère techniquement irréprochable, quand le sentiment est, lui, à peine exprimé, retenu, austère, saisi dans la dignité la plus impressionante. La technique pianistique impeccable de Michelangeli se met toute entière au service d'un sens de l'épure et de l'essence frappant: la qualité du toucher comme la clarté des intentions musicales et esthétiques sont tout à fait remarquables. 

Il faut souligner aussi avec force l'étonnante alchimie des deux italiens. Le discours musical, en dépit de l'ébouriffante prestation pianistique de Michelangeli, est parfaitement partagé, très équilibré, et permet à l'orchestre et au piano soli de communiquer idéalement. 

Venons en à Giulini. Aidé d'un Philharmonique de Vienne des grands jours, Carlo Maria nous propose une lecture de Beethoven très dans le style. La compréhension du discours musical et du texte beethoveniens est totale: toutes les attaques sont pertinentes, tranchées, assumées et précises. En plus d'accompagner la thématique mélodique pianistique, la voix de l'orchestre est identifiée et identifiable d'emblée: clarté et transparences des pupitres, équilibre général de la masse sonore d'ensemble, précision rythmique et phrasé mélodique irréprochables participent à l'élaboration du chef d'oeuvre en cours. 

Au final, on se retrouve avec un enregistrement légendaire sur les bras, couplant génie pianistique à son apogée et direction d'orchestre toute aussi inspirée. Les deux grands maîtres, à l'heure de la maturité, nous proposent de plonger dans une oeuvre redécouverte: rarement Beethoven n'aura été aussi limpide et évident.

La vidéo se trouve plus qu'aisément sur le tube. 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire