samedi 2 juin 2012

(II) Semaine "Carlo Maria Giulini" (discographie)

Avec quelques heures de retard sur l'horaire prévu, voici la seconde étape de notre voyage Giulini de la semaine. 
Je vous avais proposé jeudi de découvrir le dispensable mais néanmoins nécessaire Bach du chef italien. On continue avec un autre disque plutôt peu connu, plutôt raté lui aussi, mais historiquement passionnant. 

Il s'agit de Schumann, et de son concerto pour piano, véritable passage obligé discographique pour bon nombre de chefs et de pianistes. Immédiatement, plusieurs versions me viennent à l'esprit: Haskil, Michelangeli, Levy, Serkin, Pollini. Mais honnêtement, Samsom François




Outre le plaisir de découvrir ce pianiste chez Prokofiev, ce disque vaut vraiment la peine d'être découvert.

Passons directement à l'écoute plus attentive de ce Schumann, puisqu'on s'intéresse surtout à Giulini. 

Le premier mouvement est complètement raté mais complètement passionnant. On passera sur la qualité plus que moyenne de la prise de son, on passera aussi sur les pains majestueux de François, sur les scories orchestrales ou pianistiques qui émaillent avec une certaine grâce et une certaine sensibilité cet allegro affettuoso. On passera dessus assez vite, parce qu'on retrouve le même cocktail sur les deux mouvements qui suivent. On ne retiendra alors que le piano toujours à fleur de peau de François, aux aigus toujours aussi surchargés d'émotion et de sensibilité. On retiendra aussi la direction presque timide, dans ce premier mouvement, de Giulini, plutôt en retrait. Ce concerto est une réelle déclaration d'amour au piano, avant d'être une oeuvre orchestrale et concertante: ça semble être ici le parti pris initial du couplage François/Giulini. Il faut dire, aussi, que l'Orchestre National de Paris n'est pas au mieux de sa forme, et qu'il se contente du strict minimum. On note quand même de belles interventions soli aux bois et un rendu du pupitre des cordes plutôt homogène, même si bien trop prééminent. 
L'expressivité est au rendez-vous, la précision l'est moins, mas c'est une vieille cire totalement réjouissante. 

Le deuxième mouvement est relativement équilibré, en regard des deux mouvements extrêmes: l'orchestre et le soliste semblent ici dialoguer beaucoup plus honnêtement que dans l'allegro précédent. Le piano de François est toujours habité par la même énergie, et si l'agogique se réduit au strict minimum, et qu'au final l'interprétation est plutôt fidèle, les décharges d'intentions et d'expressivité font ici merveille, malgré les défauts que l'on sait. La direction de Giulini est aussi plus franche, plus affirmée, et l'orchestre propose une prestation de meilleure niveau. 

Le mouvement final est un modèle du genre: parsemé de fausses notes, totalement habité, presque halluciné, souvent faux, souvent trop engagé. Alors on pourra se réfugier ailleurs, évidemment, et préférer des versions bien plus lisses, bien plus correctes finalement. On pourra être, aussi, rebuté par un parti pris vraiment très personnel ici, par un piano complètement fou, par une direction bizarrement masculine, plutôt violente, alternant avec beaucoup d'étrangeté aridité, sécheresse et expressivité lyrique dégoulinante. Il n'empêche que ce mouvement, à l'image de ce disque, est absolument passionnant, indispensable à qui souhaite enrichir sa collection Giulini, sa collection François, sa collection Schumann, ou tout simplement, égayer sa discographie d'un modèle d'engagement et d'allant. 




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